le prix Bourgogne

Publié le par société des auteurs de bourgogne

dimanche 19 octobre 2008 - le Bien Public

Prix bourgogne 2008
Promenades au fil des mots

Le couperet est tombé hier, samedi, en début d'après-midi : parmi la quinzaine d'ouvrages qui concouraient au prix Bourgogne, le jury de la Société des auteurs de Bourgogne a fait son choix.
Le prix Bourgogne 2008 de culture est attribué à une écrasante majorité au très beau Dijon, carnet d'artiste, d'Anne Le Maitre (publié aux éditions du Rouergue), une promenade au cœur de la ville en textes et aquarelles. Le prix de littérature est, lui, attribué à Camille Laurens pour son Tissé pour mille (paru chez Gallimard), un ensemble de chroniques écrites autour du langage pour France Culture.
Le prix de culture n'avait pas été attribué l'an dernier. En revanche, en 2007, deux prix de littérature avaient récompensé les ouvrages de Christian Bobin et Michel Lagrange.
Le goût des mots
Pour présenter Anne Le Maitre et son carnet aquarellisé, Michel Huvet, le président de la Société des auteurs, insiste : « C'est une artiste, qui est aussi un écrivain. » Denis Ulrich, le secrétaire, revient lui aussi sur la qualité du style, dans ce livre à regarder autant qu'à lire. Un propos que l'auteur accueille dans un sourire : « Je sais dessiner », dit-elle « mais ce qui me tient à cœur, c'est le texte. »
Anne Le Maitre est bourguignonne. D'une famille installée depuis près de 400 ans dans le Mâconnais, elle a vécu près de trente ans à Sens. Depuis cinq ans, elle vit à Dijon, qu'elle découvre, qu'elle arpente, qu'elle peint, qu'elle chante au fil de promenades « le nez en l'air ». Et c'est l'occasion, pour les vrais Dijonnais membres du jury, de découvrir des détails qui leur avaient auparavant échappé. Comme Denis Ulrich, qui avoue en souriant qu'il n'avait jamais auparavant remarqué ce diable du parvis, ou l'arrière d'un bistrot, dessinés d'une aquarelle pertinente.
L'instant d'un regard
Anne Le Maitre dessine autant qu'elle écrit ce qu'elle voit, ce qui la touche ou la séduit. Un vélo noyé dans la neige comme le détail d'une sculpture... « l'aquarelle permet d'être dans la spontanéité, dans l'instant », avoue-t-elle avant d'ajouter : « Je crois aussi que j'aime ce type de dessin parce qu'il n'est pas prétentieux. »
Et elle use du même adjectif pour qualifier « ce genre inclassable qu'est le carnet de voyage ». Pas prétentieux peut-être, mais aussi agréable à feuilleter que savant à lire, son Dijon bénéficie de l'expérience qu'elle a acquise en écrivant Du Puys à Conques, Sur les pas de Robert-Louis Stevenson, Carnet d'Aubrac ou Promenade en Bourgogne du Sud. Ce dernier ouvrage l'avait d'ailleurs déjà fait remarquer par la Société des auteurs de Bourgogne il y a deux ans.
Le prix du talent
Ce prix Bourgogne a une longue histoire : créé après la guerre, recréé en 1982 après quelques années d'interruptions, il vise à mettre en valeur ceux qui ont goût d'écrire en Bourgogne.
« Dans un monde où la médiacratie fait et défait la qualité d'écrivain - deux auteurs seulement sur dix édités à Paris et qu'on voit à la « télé » écrivent eux-mêmes leurs ouvrages ! -, nous sommes en charge de faire connaître et de promouvoir des auteurs et des livres qui sont souvent largement supérieurs à ceux que l'on attribue aux plumitifs mondains du parisianisme », écrit sur le blog de la Société des auteurs de Bourgogne le président Michel Huvet. Ce prix Bourgogne témoigne, semble-t-il, de cette volonté.
Cette année, la cérémonie officielle de remise des prix aux deux lauréates est prévue le vendredi 28 novembre prochain. Chacune recevra, outre cet honneur, 1 900 euros du conseil régional, et une caisse de vins de Bourgogne.

J. R.
Le jury était composé de Jean-François Bligny, Henri Nicolas, Jean Libis, Claudine Vincenot, Jacques Poirier, Élisabeth Paulvé, Marie-Paule Rolin, du secrétaire du prix Denis Ulrich et du président Michel Huvet.

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