Guy Renaud

Publié le par société des auteurs de bourgogne

guy Renaud. L'écrivain dijonnais a effectué un travail de recherche long de six mois

Petite histoire de la presse
« En 1870, le Bien public a rapidement pris parti pour la République ». Photo Philippe Maupetit

Guy Renaud est déjà septuagénaire et pourtant le temps n'a que peu altéré les traits de son visage, comme si explorer l'histoire avait été pour lui une véritable cure de jouvence. Le Dijonnais, professeur d'allemand à la retraite, vient d'achever son dernier ouvrage : Une histoire de la presse quotidienne en Côte-d'Or, de la Révolution française à 1945.

Pendant six mois, l'ancien maître de conférence s'est rendu aux archives départementales ainsi qu'à celles du Bien public. Son long travail de recherche a été facilité par des travaux antérieurs, notamment deux parutions du service éducatif des archives départementales.

« C'est à partir de la Révolution française que la liberté de la presse a commencé à exister », explique le Dijonnais, marié, père de quatre enfants et grand-père de huit petits-enfants. « Auparavant, on ne trouvait ni éditoriaux ni prises de position. Il ne s'agissait que de gazettes d'information. L'une des périodes où la presse était la plus surveillée est sans doute le Second Empire, sous Napoléon III. À l'époque de Napoléon Ier, Fouché, ministre de la Police, interdisait tellement de sujets qu'il est difficile de parler de liberté de la presse. »

Guy Renaud n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il a réalisé une thèse d'État sur la presse en Allemagne de 1945 à 1949. « Je me suis forgé une méthode, des outils, qui m'ont bien servi pour me pencher sur l'histoire de la presse en Côte-d'Or », souligne-t-il.

« Le fil rouge de mon ouvrage, c'est la relation entre la presse et le pouvoir et le rapport de forces incessant qui existe entre les deux », ajoute-t-il. « Je me suis surtout intéressé à la manière dont les différents journaux ont abordé les grands événements nationaux. J'ai rapporté beaucoup de citations, j'ai préféré laisser parler les journalistes », confie Guy Renaud, qui a enseigné l'allemand en Vendée, à Brochon, à l'université de Bourgogne puis à Chambéry.

Un ton volontiers partisan

Quant à la presse bourguignonne, qu'il a étudiée de près, sa spécificité, à l'inverse de nombreuses régions françaises, est que l'on trouve actuellement un journal par département.

« La Côte-d'Or, pour sa part, a connu un assez grand nombre de titres, mais la majorité de ceux-ci ont vécu peu de temps. Les deux titres phares de quotidiens du département sont le Progrès de la Côte-d'Or et le Bien public », reprend l'écrivain.

Ce dernier titre, pour Guy Renaud, brillait par sa prudence à une époque où le ton des journalistes était volontiers partisan. « Le Bien public a néanmoins rapidement pris parti pour la République, contrairement à d'autres titres », précise-t-il. « Lors de l'affaire Dreyfus, qui secoua la France fin XIXe, le Bien public relate les faits avec une certaine distance. C'est un titre qui ne se mouille pas beaucoup, je l'ai remarqué à toutes les époques ! », sourit le Dijonnais.

« Ce qui m'a frappé, durant mon travail de recherche, c'est la qualité de rédaction, même dans les petits journaux. Il est vrai que jusqu'à la Première Guerre mondiale, ces titres s'adressaient plutôt à une élite. La violence de certaines attaques, de journaux à journaux, est étonnante. Entre le Bien du peuple et le Progrès de la Côte-d'Or, les idées n'étaient pas les mêmes et étaient combattues dans un style musclé », raconte Guy Renaud. « On ne parlait pas des événements avec la même retenue qu'aujourd'hui. J'ai trouvé dans un exemplaire datant de la fin du XIXe siècle un chirurgien qui citait les noms des patients qu'il venait d'opérer avec succès. Vous imaginez un tel article aujourd'hui ? », poursuit l'écrivain.

« Réaliser ce travail m'a permis de réviser mon histoire de France. J'ai remarqué à quel point la presse locale est dépendante de ce qui se passe à Paris. La presse parisienne représentait à une époque la principale source d'information de la presse locale. Je n'ai pas pu tout aborder, cela aurait été trop long. J'ai notamment évoqué la perception, en France et en Côte-d'Or, de l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne. Des éditorialistes français, ayant lu Mein Kampf, alertaient déjà l'opinion quant au danger de cet homme », précise le Dijonnais.

Secrétaire adjoint de la Société des auteurs de Bourgogne, Guy Renaud prépare activement le prochain Salon européen du livre de Dijon, du 27 au 29 novembre prochain. Un événement dont il profitera pour présenter son dernier ouvrage.

Nicolas Rouillard n.rouillard@lebienpublic.fr
le Bien Public 23/10/2009

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