Alain Pigeard

Publié le par société des auteurs de bourgogne

Voilà plus de cinquante ans qu'il se passionne pour l'épopée napoléonienne… et qu'il la raconte. Alain Pigeard, qui vient de publier un nouvel ouvrage, devrait se voir remettre à ce titre la semaine prochaine la Légion d'honneur. N apoléon, il a toujours aimé, Alain Pigeard. D'abord fasciné par l'imagerie propre à l'épopée napoléonienne, les batailles qu'il recrée avec des soldats de plomb - que j'ai essayé très vite de rendre conforme à la réalité » - ce sont ses premières recherches. Puis les premières lectures (dès l'âge de 12 ans) qui font le marquer définitivement, les premiers voyages… dont il va vite affiner les objectifs. « Je suis allé sur tous les sites napoléoniens, de la Corse à l'Égypte, en passant par Iena, Waterloo ou l'Espagne. » Des voyages indispensables, dit-il, pour mieux comprendre in situ et qui lui ont permis d'écrire entre autres un guide touristique (co-écrit avec Alain Chappet, Roger Martin et Thierry Lentz, et publié en 2005 chez Tallandier). Que l'on ne s'y trompe pas. Alain Pigeard n'a rien d'un amateur. Ce professeur de droit et d'économie au lycée des Arcades à Dijon, docteur en droit est également titulaire d'un doctorat d'histoire : « Je suis passionné d'histoire depuis toujours », avoue-t-il, et « depuis toujours » ses recherches ont tourné autour de Napoléon. L'épopée le passionne mais aussi l'homme : « Pour ses réalisations en l'équivalent de deux septennats… Quand on voit l'immensité de ses réalisations, avec la modestie des moyens de l'époque : le législatif, l'administration, la Banque de France, le Franc germinal, le concordat, la gendarmerie, le codex des pharmaciens… C'était un personnage hors du commun… » La fascination est là, derrière l'énumération technique. Témoignages bruts À côté du politique hors pair qui réorganise la France, il y a l'homme de guerre, incontestablement l'un des plus doués de son temps. Et c'est toute l'épopée napoléonienne, les grandes batailles, les soldats de la République qui deviennent grognards de l'Empire et parcourent l'Europe : « Nous les petits, les obscurs, les sans-grades. Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades, sans espoir de duchés ni de dotation », leur fera dire Rostand. Plus de 1 700 mémoires (A lain Pigeard en a lu près de la moitié) ont été rédigées par ces soldats, qui souvent n'ont été connues, sorties d'un grenier ou d'une cantine, qu'à la fin du XIXe siècle. Il y avait celles écrites par des gradés, souvent visant à justifier leur conduite de la guerre ou d'une bataille, et puis les autres. les textes écrits par quelqu'un du service de santé, un prisonnier, un élève de l'école militaire, ou un chirurgien de la garde. Ceux-là racontent au présent le quotidien du soldat… Et ce sont ces textes-là qu'Alain Pigeard lit avec passion et attention, avant de les mettre à la disposition de tous. Pour de vrai Pour l'instant, soyons honnêtes, même si notre chercheur dijonnais continue d'écrire, de mettre en fiche, d'organiser des connaissances encyclopédiques - il travaille à un Dictionnaire des officiers de Napoléon nés dans le département de Côte-d'Or - sa préoccupation majeure est la réussite des très prochaines Rencontres de Brienne-le-Château, les 16 et 17 mai. Sont prévus nombre de tirs aux canons, fusils, manœuvres militaires, combats, conférences, des reconstitutions des événements forts qui marquèrent l'histoire de Brienne-le-Château, articulés autour du 150e anniversaire de l'hôtel de ville et de la statue de Napoléon (qui fit ses études à l'école d'artillerie de cette ville). Alain Pigeard y portera l'uniforme de général - « n'importe lequel, dit-il avec modestie, ils étaient 2 400 » - et c'est dans cette tenue qu'il passera en revue les troupes le samedi matin avant de diriger et de commenter une démonstration de techniques de combats. « C'est une leçon d'histoire vivante », explique encore Alain Pigeard, à qui l'on doit à Dijon dès 1984 la création de la première association organisant des reconstitutions de bataille en costume, sur les lieux mêmes. La loi du réel « Ce n'est pas du carnaval. C'est une reconstitution historique », s'exclame-t-il, avant de dire combien on apprend de choses dans ce cadre. Et d'évoquer dans ce cadre la reconstitution en 1995 de la bataille de Waterloo, qui regroupait 3 000 personnes en uniforme (dont lui en officier d'ordonnance). « La charge de la cavalerie à 300 cavaliers dans un bourbier où les chevaux peinent, la dénivellation qui ajoute à la difficulté… » La réalité impose sa loi. Deuxième rendez-vous important pour lui : le 25 mai il sera fait officiellement chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur. Au titre des recherches qu'il mène. J. REMY Alain Pigeard réunit dans ce nouvel ouvrage une suite de textes, mémoires, souvenirs écrits par des soldats des armées napoléoniennes. Des textes recensés déjà dans la remarquable bibliographie commentée de Jean Tulard, mais qui jusqu'à ce jour n'étaient disponibles à la lecture que sur original, après des recherches aux archives un peu partout en France. Ce premier volume (le second est prévu pour la fin de l'année 2009 ou le premier semestre 2010) permet aux passionnés - érudits ou étudiants - de se plonger dans des souvenirs non romancés de témoins directs de l'épopée napoléonienne. De Nicolas-Hilaire Jourdheuil décrivant avec une minutie non dénuée de style les villes qu'il traverse, à la Flize, chirurgien-major évoquant la débâcle de Russie (et la Moskova), en passant par Flamen d'Assigny, prisonnier des Espagnols, ou Eric Grand d'Hauteville, secrétaire de la légation suisse à Paris en 1808. « Mémoires du Ier Empire », des textes réunis par Alain Pigeard, éditions Cléa (460 pages, 85 €) Mémoires du Ier Empire
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M
En cette époque quantitative si avide de best sellers, de livres légers et sans âme, il est bon de lire des ouvrages d'auteur passionné. Passionné, Alain Pigeard l'est inexorablement. Avec l'habileté du professeur habitué à démontrer et à convaincre,il nous invite à retrouver l'époque Napoléonienne qui « vibre » et « palpite », se fait sensible et proche sous l'élégance de sa plume. A travers son association, qui n'est pas autre chose qu'une mise en lumière d'une histoire vivante, il entretient la mémoire, mémoire si précieuse aux jeunes générations. L'hommage qu'il reçoit aujourd'hui est mérité.
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